Nouvelles d’été – Question de timing par Marie Vareille

Cet été, la #TeamRomCom a écrit des nouvelles sur le thème de la rencontre estivale pour Elle.fr
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Marie Vareille – Question de timing

"Question de timing" : la nouvelle inédite de Marie VareilleElle se marie dans une semaine, la culpabilité la ralentit. Chaque pas est une petite trahison. Elle écoute le crissement des cigales dans les buissons et du sable sous ses sandales. Elle a mis la même robe corail que la dernière fois qu’elle l’a vu, huit ans plus tôt. Ils ne savaient même pas alors qu’il existait une couleur nommée « corail ».

Avant, elle avait eu quelques griffures au cœur, de celles qui s’effacent en moins d’une saison. Mais lui, son cœur, il l’avait fait éclater en millions de petits débris, comme un ballon à l’hélium trop gonflé. Il l’avait consumé jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un tas de cendres à disperser aux quatre vents. Et c’est pour ça qu’elle est venue. Malgré la culpabilité qu’elle traîne comme une valise à roulettes enlisée dans le sable, malgré la robe blanche qui attend dans sa housse le chœur des cloches et l’approbation du maire. Parce qu’on n’a pas dix amours dans une vie et que longtemps, il avait été le garçon qu’elle préférait au monde.

Elle avait dix-sept ans, lui, dix-huit. Elle avait décidé qu’elle ne se marierait jamais. Elle vivrait libre, entourée de livres et de mots sur le papier. L’amour n’était que déception, chagrin et trahison. Sa mère le lui disait souvent depuis que son père avait quitté la maison.

Elle lisait allongée sur le ventre, les doigts de pieds enfoncés dans le sable brûlant. C’était il y a des siècles, pourtant des détails insignifiants lui reviennent avec précision : le désespoir d’un enfant devant un château de sable qui s’écroule ; le slogan d’un vendeur de beignets ; la sensation sur son dos des rayons qui brûlaient sa peau irritée par le sable. Pour parer le coup de soleil, elle avait voulu se retourner. Elle s’était relevée sur les coudes pile au mauvais moment. La balle de volley qui aurait seulement dû l’effleurer l’avait heurtée de plein fouet.

La vie est une question de timing. L’amour aussi. Aujourd’hui, elle ne sort plus sans écran total.

Il était arrivé aussi vite que son ballon et l’air bien plus désolé. En même temps, ils avaient retiré leurs lunettes de soleil ; un coup de foudre traverse difficilement les verres homologués d’une paire de Ray-Ban. Elle avait oublié qu’elle détestait le sport et tout particulièrement le volley. Il avait oublié qu’il aurait dû trouver prétentieuse cette fille qui lisait Rimbaud sur la plage. Elle avait entendu le battement de son cœur résonner comme un caisson de basses. Il avait suffi d’un ballon et d’une poignée de sable aux yeux pour qu’elle oublie tout ce que sa mère lui avait appris.

Pour se faire pardonner la joue douloureuse, il lui avait acheté un beignet fourré à l’huile et au Nutella. Il y avait eu un échange de numéros de téléphone sur Nokia 3310, des soirées remplies d’airs de guitare, des regards furtifs où se reflétaient les flammes d’un feu sur la plage, et tout à coup, une avalanche de premières fois. Premiers textos pour première balade sur un scooter déglingué, qui dans leurs yeux d’adolescents avait le prestige d’une Maserati. Premier baiser au goût de sel et de bière, les pieds dans les vagues. Première nuit d’amour en plein milieu de l’après-midi, dont elle enjoliverait le souvenir au fur et à mesure des années. Premiers regards inquiets de sa mère : « C’est un amour de vacances, tu es trop jeune, ça ne durera pas. »

L’amour de vacances avait duré cinq ans. Pour se payer quelques mètres carrés près de chez lui, elle avait pris un job de caissière, vingt heures par semaine. Pour lui, elle avait tout quitté : sa mère, sa ville natale et ses rêves de littérature. Mais c’était sans importance, puisque sous les tables des bibliothèques où ils étudiaient, dans les cinémas et sous l’oreiller de sa chambre de bonne, il serrait sa main dans la sienne.

Cinq ans. À peine le temps pour la routine de s’infiltrer dans les murs, de quelques disputes sur les tours de poubelle et de vaisselle, de réconciliations sous une couette Ikea. Le temps de commencer à se chamailler au sujet du prénom de leurs futurs enfants tout en se jurant croix de bois, croix de fer, qu’ils ne se marieraient jamais. Ils n’allaient pas, quand même, être aussi cons que leurs parents.

Elle s’arrête, la gorge douloureuse du bonheur parfait devenu tas informe de souvenirs brumeux. Elle hésite. Il y a treize ans, elle se prenait un ballon sur la tête, il y a huit ans, c’est tout le ciel qui s’était effondré sur elle. Ce rendez-vous après toutes ces années, là où ils s’étaient vus pour la dernière fois, dans cette robe qu’il aimait tant lui enlever, n’était-ce pas une terrible erreur ? Le risque inutile de rallumer quelque chose qu’elle avait mis tant d’années à éteindre ? Elle se répète qu’elle en aime un autre désormais, un autre qui ne la quittera pas. Forte de cette conviction qu’elle brandit comme une excuse, elle retire ses sandales et poursuit son chemin. Elle sent sous ses pieds nus le sable et les aiguilles des pins chauffés au soleil, comme l’été de ses dix-sept ans. Elle tourne dans la troisième allée. Il est là. Exactement au même endroit qu’il y a huit ans. Elle retire ses lunettes de soleil. Il n’a pas changé. Elle reste plantée dans le sable, comme frappée par la foudre. Huit ans et rien de nouveau sous le soleil : il apparaît et elle se transforme en paratonnerre.

Elle aimerait qu’il sourie de voir qu’elle marche toujours pieds nus l’été, qu’il rompe le silence en premier. Elle repense aux fleurs qu’il lui ramenait tous les vendredis en rentrant du volley. Tu en connais beaucoup, Maman, des mecs qui continuent de t’acheter des fleurs après les six premiers mois ? Et sa mère enfin conquise qui souriait, l’inquiétude des débuts envolée.

Huit ans. Et elle a passé le trajet à imaginer leur conversation :

− Toi ? Vraiment ? Et tous tes discours anti-mariage, alors ?

− C’était il y a longtemps. J’ai changé. J’ai trente ans.

− Et alors ? On n’est pas obligé de vieillir, regarde, moi, j’ai toujours les convictions de mes vingt-trois ans.

− Eh bien, pas moi. J’en ai de nouvelles. À cause de toi.

Le moteur d’une voiture au loin la ramène à la réalité, à l’âge adulte et à sa valise de culpabilité qu’elle est venue vider au milieu des aiguilles de pin et du chant des cigales.

Elle se lance.

Elle lui parle de la semaine prochaine, de la robe blanche, de l’autre garçon, celui qui l’a ramassée, reconstituée, celui qui l’a aidée à se relever après lui.

Elle attend. Rien. Le silence. Il fait chaud, elle a froid. Alors elle se souvient des fleurs qu’elle tient dans sa main, si serrées que les tiges lui ont écorché les paumes. Elle a choisi le plus beau bouquet du magasin.

C’est pour toi. C’est mon tour.

Pour nos cinq petites années d’amour.

Pour toutes les fleurs que tu m’as offertes.

Elle les dépose sur la pierre grise, juste en dessous de l’inscription gravée dans le marbre : sa date de naissance et l’autre date.

Elle reste longtemps la main sur son prénom, pour être sûre qu’il pardonne sa trahison. Il s’était arrêté chez le fleuriste, comme tous les vendredis depuis cinq ans. Il rentrait du volley. À la dernière intersection, son scooter a croisé un camion. Il aura éternellement vingt-trois ans, le même sourire et les mêmes convictions. Il est mort juste avant le week-end, un bouquet de fleurs déchiqueté à la main, au beau milieu des miettes éparpillées de son scooter qui n’avait plus rien d’une Maserati.

Elle a trente ans. Elle a mis la robe corail de leur dernière rencontre estivale et huit ans à réparer son cœur brisé. Le tissu bâille ici et là. Certains chagrins sont si grands qu’on se ratatine face à leur immensité. Huit ans, et aujourd’hui, ici, elle comprend :

La vie est une question de timing, la mort aussi.

Quand elle repart, son pas est un peu plus léger. Elle sait, enfin, que s’il avait pu répondre, il aurait souri. Il aurait dit : « Merci pour le bouquet, mon amour ; je suis heureux pour toi et ta robe blanche, heureux que tu aies trouvé quelqu’un capable de recoller ton cœur, que tu aies un nouveau garçon préféré au monde. J’espère même qu’un jour, tu le laisseras t’offrir des fleurs. »

Cette nouvelle a été publiée dans ELLE.fr le 3 août 2016

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Nouvelles d’été – Le hipster sur le toit par Marianne Levy

Cet été, la #TeamRomCom a écrit des nouvelles sur le thème de la rencontre estivale pour Elle.fr
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Marianne Levy – Le Hipster sur le toit

 

"Le Hipster sur le toit" : une nouvelle inédite de Marianne LévyC’est un peu de ta faute, aussi. Enfin, je veux dire, à toi et tes limites. Tu devrais voir quelqu’un Delphine.

Je me laissais glisser le long du mur en béton brut de la chambre d’hôtel. À 14 heures, heure de New York, je ne devais pas dormir. Pour éviter de succomber à l’appel du litking size,qui s’étalait comme un pacha au milieu de la pièce, je décidai de faire le point sur la récente évolution de ma situation amoureuse. Les mots d’adieu de David agressaient mon cerveau comme un vinyle rayé en fin de vie.

Faire le point.

Une démarche qui fige les choses. Le moment où tout ce qui est insupportable devient définitif. Faire le point au début de l’été, il n’y a pas pire. Les psys devraient interdire à leurs patients de faire le point entre le 15 juillet et le 15 août. Pénurie potentielle de Lexomil. Mauvais timing. Mais pour combattre le décalage horaire, touiller des idées noires, c’était plus efficace qu’une perfusion d’expresso.

Mon iPhone vibra. Un texto. Le dixième de Caro.

Caro – 14.02

Salut la morte-vivante, juste pour vérifier que tu ne t’approches pas trop des fenêtres. Dans morte-vivante, le mot important, c’est vivante #PourInfo

Donc, David m’avait quittée. « Je ne suis pas très vacances, je ne suis pas très couple, je ne suis pas très vacances en couple, avait-il expliqué. Et, puis, c’est un peu de ta faute, aussi. Je veux dire, à toi et tes limites. Tu devrais voir quelqu’un Delphine. »

Immédiatement mon regard s’était arrêté sur le couteau qui brillait sur la nappe à carreaux de notre Italien. L’usage intensif du possessif ne protègeait donc pas le couple, j’avais pensé. Ensuite, mon cerveau avait visualisé la lame plantée entre ses yeux. Mon coeur s’était soulevé en imaginant le jet d’hémoglobine fraîche. Puis, mon cerveau avait repris la main. Pourquoi courir le risque de ruiner l’esthétique de ma pizza bianca ? J’avais renoncé.

Mes limites.

Je m’étais contentée de lui rappeler ce que j’aurais dû faire. C’est-à-dire partir à New York avec lui. À la place, David m’avait conseillé un abonnement illimité chez un disciple de Freud.

Je me sentis seule. Seule comme la fille qui se réveille le lendemain de l’apocalypse nucléaire et constate qu’elle va devoir se taire à jamais ou tchatcher soldes d’été avec des coléoptères jusqu’à la fin de sa vie puisque personne n’a survécu à part elle.

Je me versai un verre d’Evian. La bouteille coûtait 13 dollars. Note de frais, je pensai, pour accepter l’idée qu’en bas de chez moi, à Paris, je l’aurais payée 80 centimes. Et qu’à cette heure-ci, j’aurais pu être en train de regarder Caro terminer ses linguine vongole chez mon Italien tout en laissant mon melon-prosciutto di parma pour entretenir ma ligne de morte-vivante.

Paris. David. Notre appartement. Sans lui.

Je me réfugiais dans mon iPhone. Sur Instagram, les êtres humains que je connaissais, eux, étaient heureux. Ils se noyaient dans les mojitos. Ils posaient hilares devant des mers translucides. Ils selfisaient bronzés. Ils faisaient leurs futurs enfants sans penser à leur future rentrée. À la nounou qu’il faudrait séduire. À la bonne maîtresse sur laquelle ils espéreraient tomber et pour laquelle ils seraient finalement prêts à échanger la bonne nounou…

C’est un fait, la réalité déserte les réseaux sociaux pendant l’été.

Elle prend congé de l’ordinaire.

Elle réclame sa dose de bonheur.

Je likais toutes les photos pour emmerder David. Je commentais les trente-six selfies de Caro. J’étais à New York. Sans lui. Je likais des photos. Et dopais mes commentaires aux smileys qui rient. Le message était clair : moi et mes limites, même sans lui, on allait super bien. Mon nez rougi qui coulait, c’était 100 % la faute de la clim’.

La baie vitrée ouvrait sur la ville. Je jetai un oeil en contrebas. De trentenaires cherchaient le frais dans la piscinesmall sizede l’hôtel écrasée par 38 degrés. À New York, les degrés valaient plus qu’ailleurs, aussi. Le bitume surchauffait pour faire savoir son mécontentement au soleil et métamorphosait les autochtones en victimes odorantes et collatérales.

Je soupirai. Je ne pourrais même pas faire semblant d’être heureuse en bikini sur Facebook. Les consignes de Paris étaient formelles. Je ne devais pas quitter la chambre 507 de l’hôtel jusqu’au lendemain 21 heures, heure de mon taxi pour JFK. J’observais l’architecture anarchique du Lower East Side en picorant les courgettes bios élevées à Brooklyn du minibar (9 dollars).

Mon regard s’arrêta sur la terrasse d’en face. Des transats dépareillés, un barbecue et une table de pique-nique en plastique déprimé décoraient le toit. Un type en bermuda écossais et coiffé d’une casquette des Yankees bleu marine surgit à travers la porte-fenêtre avec son MacBook sous le bras. Il s’allongea, ramena ses genoux vers lui, y posa son ordi et commença à bosser.

Mon téléphone vibra encore. Un mail. Ma boss. Je ne l’ouvris pas immédiatement. Quand ton mec te quitte après cinq ans de vie commune à une semaine d’un séjour avec vue imprenable sur laskylinede Manhattan, croire au bon karma, c’est compliqué. Même pour choisir une laitue, la pression devient énorme. Alors, le boulot…

Je repensai aux consignes de Caro.

Morte vivante, OK. Mais l’important, c’est morte-vivante ultra pro #ChanceDeTaVie.

Tout avait commencé la veille au bureau.

***

— Il paraît que vous ne partez plus à New York, Delphine ?

Boss n’avait pas le temps pour les détails.

J’avais confirmé.

— Assistante de rédaction, rassurez-moi, ce n’était pas votre but ultime dans la vie ?

Je l’avais rassurée.

— Parfait ! Vous prenez demain le premier vol pour New York. L’agent de Lee Dohan vient de me promettre une interview exclusive. C’est la quinzième fois. Delphine, je vais être franche : je n’y crois plus. Et, en plus, avec les vacances, j’ai le choix entre lui…

Elle avait désigné consternée un vieux rédacteur dépressif qui haïssait les gens après trente ans de métier.

— … des stagiaires et vous. Ce sera donc vous. On ne s’emballe pas. Je vous envoie par précaution. Je ne veux pas vexer l’agent. Surtout ne jamais vexer un agent, Delphine.

Puis elle m’avait tendu le dernier roman de Dohan, écrivain fantôme et surdoué dont personne ne connaissait la véritable identité.

***

J’ouvris le mail de Boss.

Toujours pas de nouvelles… Mais ne quittez pas la chambre. Au cas où.

Un peu révoltée par les 24 heures de vraies fausses vacances à New York qu’elle m’avait offertes, j’abandonnai mon poste d’observation pour rejoindre le lit.

Je sombrai.

La bouche pâteuse et frigorifiée par la climatisation, je levai la tête de l’oreiller. Le radio-réveil indiquait 2 heures du matin. Je me rappelai que je n’étais pas à Paris. Quittais douloureusement le lit, fis quelques pas pour détendre mes jambes engourdies. J’écartai le rideau perlé qui protégeait l’intimité de ma chambre et tombai sur mon voisin toujours torse nu qui se faisait un film en plein air sur un écran à l’ancienne maintenu par un pied télescopique. J’imaginais qu’il regardaitManhattan.

Je filais aux toilettes et me dis que le designer de l’hôtel devait avoir une passion pour les maisons funéraires. Elles étaient noires comme la douche, comme le parquet, comme la chambre, comme mon humeur à moi. Je me brossais les dents en évitant mon reflet de zombie dans le miroir. Enfilai un sweat sur mon tee-shirt, coupai la clim’ et replongeais avec délice dans les draps italiens.

À 6 heures, Beyoncé jaillit du radio-réveil. Je chassai la boule venue me rappeler qu’il était inutile de me retourner car je ne pourrai me blottir dans les bras de personne de l’autre côté du lit. Puis composai le numéro duroom servicedécidée à prendre un petit déjeuner de luxe en regardant le jour réveiller Manhattan. Je commandai des pancakes. Sans myrtilles. Sans framboises. Double portion de fraises et triple chantilly, sur le côté.

Mon voisin d’en face était matinal, lui aussi. Il se baladait nu dans son appartement. Mes limites m’interdisaient de fixer l’anatomie d’un homme qui n’était pas le mien. Pourtant, je n’arrivais pas à détacher mon regard. Je n’avais jamais vu de fesses aussi blanches. Je réfléchis. Je n’avais pas vu beaucoup de fesses, en fait. Personne n’aurait reproché à Rodin de fixer le cul de ses contemporains pour comprendre la vie. Ne pas culpabiliser, donc.

Mon voisin s’immobilisa. Il devait m’avoir repérée. Je m’éloignai de la fenêtre. Puis, j’osais regarder à nouveau. Il brandissait un morceau de carton sur lequel était écrit : Arrêtez de regarder ! Je fis un pas en arrière. Mon tee-shirt La Rose Pourpre du Caire couvrait à peine le haut de mes cuisses. J’aurais dû rougir. Mais je saisis le bloc-notes de l’hôtel et griffonnais : Portez un caleçon !

Il disparut puis revint avec une provision de feuilles A4. Il avait enfilé son bermuda écossais et semblait motivé pour entamer une conversation.

– Je suis chez moi ! écrivit-il

– Dans mon pays, c’est illégal !  je répondis.

– Quel pays ?

– La France. 

– Je ne vous crois pas !

– Vous devriez ! 

– Les choses ont bien changé alors. On en parle devant un petit déjeuner ? 

J’hésitais. J’envoyai un SOS à Caro.

Delphine – 6.04

Je crois que je suis en train de devenir voyeuse pratiquante.

Caro – 6.04

?

Je résumais la situation dans un petit texto.

Cinquante-cinq lignes.

Une photo.

Caro – 6.15

Ce type remet son bermuda rien que pour toi à New York et tu finasses ? Delph’, un psy, ça va pas suffire, il faut envisager l’internement #Fonce

Je réfléchis encore. Sur le principe, c’était tentant. Pour comprendre la vie, les fesses blanches c’est important. Mais, en pratique, c’était un truc à finir dans les pages faits-divers du New York Post. Finalement, je me dis qu’aucun psychopathe capable de découper une Française en morceaux et de jeter ensuite les morceaux dans l’Hudson à l’aide de sacs en plastique biodégradable ne regarderait un film de Woody Allen au milieu de la nuit sur un toit. Je jetai encore un coup d’oeil. Il était toujours là. Je finis par répondre.

– Je ne peux pas sortir.

– ?

– Le boulot

– Moi, je peux sortir.

– Chambre 507

Sous sa barbe, je devinai un sourire.

On sonna. Le garçon d’étage avec mon petit déjeuner. Je signai la note. Refermai la porte et attendis. On sonna encore. Mon coeur s’emballa. Mais mon cerveau le rattrapa à temps pour lui rappeler le principe des limites. Je fis glisser la chaînette de sécurité avant d’ouvrir.

— Vous regardiez quoi comme film, cette nuit ? je demandai à travers la porte.

Annie Hall. C’est illégal aussi ?

Je respirai, soulagée.

Il entra. À cause de la puissance des associations d’idées, je pensai à Woody Allen puis à la peau rousse qui supporte mal le soleil puis aux fesses lactées du hipster devant moi. Je n’osais pas le regarder dans les yeux. Je lui tendis la main en fixant ses tongs. Il la serra.

— Donc vous êtes Française et vous prétendez que la nudité est illégale, permettez-moi d’en douter, je peux voir vos papiers ? dit-il.

Sa voix indiquait qu’il s’amusait beaucoup. L’odeur de sa peau qu’il s’était savonné avant de traverser la rue.

— Vous… vous voulez manger ? je demandai.

— C’est le principe du petit déjeuner… On ne devait pas parler droit comparé, dites donc ? demanda-t-il en fixant la double portion de fraises et la crème fouettée.

Pour tout un tas de raisons, dont son torse sculpté par les paniers de basket qu’il devait passer des heures à marquer sur le terrain d’à côté, je commençais à hyperventiler. J’avais envie de hurler : « Vous pourriez arrêter de sourire mieux que James Franco, SVP ? »

Il s’approcha. Je me sentis obligée de préciser :

— Les fraises, la chantilly, d’abord c’est ultra cliché. Ensuite c’est pas du tout mon style parce que vous comprenez vingt et un siècles de tradition judéo-chrétienne, ça pèse une tonne… je balbutiai.

— Non mais je sens que vous allez tout m’expliquer, dit-il en s’approchant encore.

— J’ai… j’ai toujours fait l’amour sur le dos, vous savez.

— Faire l’amour, OK. Cette petite visite de voisinage devient passionnante… dit-il encore.

Il fit un pas de plus. Je reculai encore, butai et tombai sur le litking size. Un hipster charmant vu d’en bas, c’est comme la Terre vue du ciel. Magnifique.

Ce qui allait se passer était entièrement de la faute de David.

Toi et tes limites, je veux dire.

Doucement, le hipster se pencha vers moi. Il murmura : « Pour moi aussi, c’est une sorte de première fois ». J’allais lui demander pourquoi. Mais je me dis que je ne voulais rien connaître d’autre que le goût de ses lèvres sur les miennes. Évidemment, c’était une façon de parler. De ne pas parler, plutôt.

Quand le soleil commença à décliner sur Manhattan, lui et moi, nous étions tombés d’accord sur la magie du souvenir. Nous n’allions pas nous écrire. Ni nous appeler. Même si nos corps se quittaient à regret.

Un baiser.

Un dernier.

Encore un dernier.

La porte qui se referme.

Et moi qui souris.

Mon iPhone n’avait pas sonné. Personne n’était venu me chercher chambre 507. Devant l’hôtel, un taxi jaune m’attendait. Je m’y engouffrais. Au coin de Houston Street, en pensant au plateau-repas d’Air France, j’eus une subite envie de Deli. Je demandai au chauffeur de s’arrêter. Trois accros au pastrami patientaient devant moi. Je filai aux toilettes. Je me lavais les mains puis souris au porte-serviette en me repassant le film de mes 24 heures à New York. Quinze SMS de Caro attendaient dans mon iPhone que je lui projette aussi.

Je vérifiais mon reflet dans le miroir quand j’entendis : « Hey Dohan, bonne soirée ! » Je me précipitai vers la sortie. Je n’aperçus qu’une silhouette. Un homme se perdait dans la foule. Il portait un bermuda écossais et une casquette des Yankees bleu marine.

J’avais vu quelqu’un qui m’avait fait du bien.

Ce n’était pas un psy.

Cette nouvelle a été publiée le 28 juillet 2016 dans ELLE.fr

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Nouvelles d’été – Démon de midi par Sophie Henrionnet

Cet été, la #TeamRomCom a écrit des nouvelles sur le thème de la rencontre estivale pour Elle.fr
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Sophie Henrionnet – Démon de midi

Les nouvelles de l'été : "Démon de midi"Je tape les trois mots sur les touches du clavier et, dans sa grande mansuétude, Google me donne 245 000 résultats en 0,57 seconde.

Démon de midi : « Désir de changer de compagne ou de compagnon à l’approche de la cinquantaine, chute tardive dans la débauche ou dans l’infidélité conjugale après une vie réglée. »

Je pose l’ordinateur sur la table et m’enfonce dans le canapé très confortable de ce café dans lequel nous avons convenu de nous retrouver avant de nous rendre à l’aéroport. Je ferme les yeux en attendant qu’il arrive. Chaque seconde qui passe semble m’éloigner un peu plus de ma confortable vie.

Le démon de midi ? Est-ce donc le mal qui me ronge ? J’imagine facilement notre entourage s’accorder sur le sujet et hocher gravement la tête en apprenant mon départ du domicile conjugal.

La serveuse dépose une tasse de service à poupée devant moi. La jolie brune a une petite vingtaine, ses joues sont rondes, presque poupines, elle ne porte pas les stigmates d’une vie de mère de famille et les désillusions assorties qui donnent des envies d’ailleurs.

Je ne saurais dire si je suis sujette à proprement parler à une « crise », je penche plus pour le concours de circonstances. Si on m’avait dit qu’à 45 ans, je me ferais draguer par un collègue trentenaire aussi musclé que séduisant je n’y aurais pas cru une seconde. Le fait qu’il me fasse une cour effrénée, me déclare sa flamme et qu’il fasse des pieds et des mains pour que je l’accompagne sur une plage du bout du monde à un séminaire dans la foulée m’a propulsée dans un véritable tourbillon. Et puis, c’est bien simple, je n’ai jamais su dire non.

Je prends une gorgée de café. J’en aurais bien pris deux, mais la minuscule tasse est déjà vide. 3,80 euros… J’espère que les mojitos sont compris dans la formule all inclusive.

Où en étais-je ? Ah oui… Je n’ai jamais su dire non, c’est un fait.

Non, aux copines, qui m’ont malgré moi entrainée dans toutes sortes d’expériences adolescentes dont je me serais bien passée.

Non, à mon mari, qui nous inscrit sans me demander mon avis à des tournois de golf en couple.

Non, à mes enfants, qui me supplient de les autoriser à se rendre à LA soirée de l’année, qui a lieu environ tous les quinze jours.

Non, à cette vendeuse qui m’assure que cette robe en trompe-l’œil grotesque me va comme un gant alors que je sais d’avance que je vais la fourrer tout au fond de la penderie.

C’est en suivant le même processus que je me suis retrouvée amourachée de lui, et de fil en aiguille, prête à embarquer dans un avion en partance pour l’ile Maurice.

J’ai passé une nuit à l’hôtel. Blanche. Seule. Lourde de conséquences. Officiellement pour me rapprocher de l’aéroport, officieusement au seuil d’une autre vie.

Mon téléphone sonne. C’est lui, il est en retard. Un souci de clés ou je ne sais quoi, je dois le rejoindre directement à l’aéroport.  Je laisse sans doute trainer un silence une seconde de trop, il s’inquiète : est-ce que tout va bien ? Je réponds oui, comme je vous le disais, je n’ai jamais su dire non.

Je rassemble mes affaires et l’infime quantité de café ingurgitée torpille mon début d’ulcère.

Je sens mon rythme cardiaque s’accélérer lorsque je pénètre dans l’aéroport, il s’affole carrément quand je me dirige vers la zone d’enregistrement. Il est là, solaire, il ne m’a pas vue arriver. Je m’arrête un instant, détaillant cette nuque qui n’attend que mes mains, ces cheveux noirs et indomptables, ces épaules solides et ce corps sculpté. Le temps semble suspendu, je deviens spectatrice de la scène. Je suis l’épouvantable femme en train de basculer dans l’adultère :

— Attention Mesdames et Messieurs ! Ouvrez bien grands vos yeux, ouvrez grandes vos oreilles ! Dans quelques instants le destin de cette femme va basculer.

Je me ressaisis et, déboussolée, me glisse à nouveau dans mon rôle d’actrice. Je m’avance jusqu’à lui, pose une main sur son bras, il trésaille, plonge ses yeux bleus dans les miens et décoche ce sourire qui m’a fait fondre à la seconde je l’ai vu. Il se fait aussitôt pressant, tactile et je sens instantanément mes forces m’abandonner.

J’ai bien essayé de résister lorsqu’il a bloqué les dates du séminaire sur mon calendrier, mais désormais je n’ai plus la force de lutter… Je n’ai jamais su dire non. J’aime à me persuader que c’est plus par bienveillance que par lâcheté. J’ai beaucoup de mal à froisser les gens, à faire de la peine, j’enrobe la vérité et mon avis de paillettes à longueur de temps. Si j’en crois mon mari, c’est toute l’explication d’une carrière qui ne décolle pas.

Il me prend la main tandis qu’une voix suave prie les passagers du Paris-Maurice de rejoindre la zone d’embarquement. J’ai soudain atrocement chaud, je redoute ce que je m’apprête à faire et l’attends tout autant.

Il en est à me susurrer à l’oreille tous les projets qu’il a pour ce « nous » quand vient notre tour de passer aux formalités administratives.

Galant, il souhaite me laisser passer la première.

Riant et minaudant, je résiste et le pousse gentiment devant moi.

Rayonnant, il franchit la zone et m’attend, des promesses et des cocotiers plein les yeux.

Soulagée, je m’autorise enfin à inspirer profondément.

Je tends mes documents à l’hôtesse.

Mon passeport est périmé ? Vous êtes sûre ? Je fais mine de m’insurger.

Je tente une petite moue contrite à l’intention de mon bel incrédule, puis tourne sans attendre les talons, direction de la sortie.

Penser à passer récupérer les places de concert pour samedi prochain.

Acheter des macarons, les enfants en raffolent.

Je n’ai jamais su dire non.

Cette nouvelle a été publiée le 8 juillet 2016 dans ELLE.fr

 

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Les nouvelles d’été – Paris Paros par Tonie Behar

Cet été, la #TeamRomCom a écrit des nouvelles sur le thème de la rencontre estivale pour Elle.fr
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Tonie Behar – Paris Paros

« Paris Paros » : une nouvelle inédite de Tonie BeharC’était un coup de tonnerre dans le ciel immuablement bleu de Paros. Un tableau de maître avait été volé en pleine journée chez un collectionneur. On parlait de dizaines de millions d’euros, certains affirmaient même des centaines! Dans le grand salon blanc de sa villa dévastée, Audrey Hatchuell pleurait à chaudes larmes. Ce petit Modigliani volé était le cadeau d’anniversaire que lui avait offert son mari pour ses trente ans. Les policiers de l’île avaient interrogé tous les malfrats recensés de la rade, on avait envoyé du renfort d’Athènes. Personne n’avait quitté l’île et on ne retrouvait pas le tableau. C’était incompréhensible.

Une semaine plus tôt.

Accoudé au bastingage du ferry Blue star, Elias Horville regardait se rapprocher les côtes de Paros, petite île des Cyclades où il venait passer chaque année quelques jours de farniente chez ses amis les Michalac. Malgré son pied marin, il se sentait un peu nauséeux, la traversée depuis le port du Pirée ayant été perturbée par le Meltem, ce facétieux vent grec qui s’amuse à bousculer les eaux turquoise de la mer Egée.

Il entendit des rires féminins accompagnés de commentaires appréciateurs prononcés en anglais qui lui étaient certainement destinés, mais ne se retourna pas. Assises à quelques mètres de lui, quelques londoniennes agitées l’avaient pris pour cible. C’était un fait, Elias Horville plaisait aux femmes. Ses yeux verts un peu tombants et sa mâchoire bien dessinée lui faisaient une tête de voyou sexy qui lui convenait à moitié. Il se rêvait plutôt en dandy fin et élégant, nonchalamment vêtu de lin blanc.

Il enfonça plus profondément sa casquette de baseball sur les yeux contempla la mer. La situation familiale était encore plus déplorable que les années précédentes et il n’avait pas le cœur à se détendre alors que sa mère restait seule à Paris. Il avait hésité à la quitter, mais elle avait insisté pour qu’il parte. Silvia Horville avait pour philosophie de toujours accepter une occasion de s’amuser.

Elias vivait avec sa mère Sylvia et sa sœur Cléo dans une vieille maison Montmartroise, nichée dans le hameau des artistes, qui avait connu des jours meilleurs avant de tomber en décrépitude. La toiture fuyait, les murs rêvaient d’un bon coup de peinture,  les meubles traînaient la patte, et rien dans leur situation actuelle ne permettait de dire ça allait s’arranger.

La semaine précédente, après le dîner pris sous le tilleul, dans le jardin envahi d’herbes folles, sa mère leur avait annoncé sa décision. Celait faisait sept ans, depuis la mort de leur père, que ça leur pendait au nez. Cette fois, Silvia Horville avait tranché. Elle  vendait la baraque et chacun de ses enfants pourrait enfin se construire une vie.

Leur père, adorable fêtard, était mort en leur léguant ses dettes de jeu et sa maison, héritée d’un grand-père sculpteur. Elias et Cléo avaient tenté sans succès de maintenir le navire à flots.  Dans leur famille on savait rêver à de beaux projets, jouer aux cartes, organiser des fêtes, mais on avait du mal avec les contingences matérielles. Dans son atelier aux hautes fenêtres de verre, Silvia peignait sans jamais vouloir montrer ses toiles. Cléo était comédienne, mais n’aimait pas les castings. Elias lui était photographe. Au cours de l’hiver, il avait exposé dans une galerie de Bastille. Le fruit des ventes avait servi à changer la chaudière hors d’âge et payer les factures avant l’arrivée des huissiers. Il songeait avec amertume qu’à trente-cinq ans, il n’envisageait pas une autre vie que celle, bohème et légère, qu’il menait à Montmartre. Surtout, il se demandait ce que ferait sa mère, une fois sa chère maison vendue, et pensait qu’elle n’y survivrait pas.

En arrivant dans la villa de ses bons amis les Michalac, Elias verrouilla ses soucis au fond d’un tiroir obscur de son cerveau. Puis il afficha sur son visage ce fameux sourire qui faisait fondre les femmes et donnait aux hommes l’envie de lui ressembler.

Comme tous les ans, Isabelle Michalac avait organisé un grand dîner réunissant tout ce que l’île comptait de parisiens amoureux de maisons blanches et de mer limpide.  La table était dressée, de longs voilages blancs flottaient au vent et des dizaines de bougies  brillaient comme des lucioles dans leurs lanternes de verre. Le maître de maison avait préparé le spritz et l’ouzo. Les mezzedes attendaient sur le buffet et le barbecue crépitait.  Elias naviguait comme un poisson dans l’eau entre les convives. Ils étaient une douzaine, journalistes, créatrice de mode, gens des médias, avocat… Toutes les conversations bruissaient du même scandale : Fabrice Hatchuell, richissime marchand d’art contemporain qui avait abondamment trompé sa femme au printemps, s’était annoncé au dîner de l’été avec sa maîtresse, une jeune journaliste qui lui avait complètement tourné les sangs.  Définitivement transi d’amour, il répétait à qui voulait l’entendre qu’il la baisait comme un fou et même comme un dieu (sans doute grec).

Quel plaisir de bitcher sur une croustillante histoire d’adultère entre deux gorgées de Spritz ! Les rires jaillissaient des dents blanches et se perdaient sur les peaux bronzées. Autant dire que la totalité des convives attendait le nouveau couple de pied ferme.

Seulement voilà, quand Fabrice Hatchuell arriva, très en retard, ce fut avec sa propre femme à son bras. Tout le monde se retrouva avec des questions brûlantes au bord des lèvres et l’impossibilité de les poser !

Elias regardait avec curiosité la jeune femme qui se tenait droite et souriante, évoquant comme si de rien n’était, sa vie idyllique – sa maison de campagne, son chalet en suisse, ses vacances aux Maldives –  avec son mari.

A table, le sujet planait, gros comme un avion, sur l’assemblée. Pourquoi ce retournement de situation ? Où était donc passée la jeune maîtresse? Les Hatchuell s’étaient-ilsvraimentréconciliés ?

Isabelle Michalac avait placé Elias à côté de l’épouse bafouée, sachant qu’il saurait se conduire exactement comme il le fallait. Il l’observait à la dérobée, grande, brune, avec une lourde poitrine sensuelle qui contrastait avec son maintien aristocratique, sa longue chevelure noire flottait autour de son visage de duchesse vénitienne.

–        Franchement chapeau, vous les avez tous scotchés. Personne ne moufte.

–        Je ne vois pas de quoi vous parlez.

–        Avant votre arrivée, tout le monde ne parlait que votre mari et sa bimbo.  Vous le savez je suppose.

–        Ah ça ! dit-elle en agitant la main, désinvolte. Comme si elle chassait une particule de poussière dans l’air du soir.

Puis elle tourna la tête pour parler à son voisin de gauche et le cœur d’Elias se serra. Désolé soudain. Derrière le masque il avait vu son visage. Cette femme souffrait horriblement. Elle était malheureuse, blessée, perdue. Elle voulait donner le change.

–        Ma mère me dit toujours que quand on n’a pas le moral, il faut faire quelque chose qu’on n’a jamais fait. Une chose un peu folle par jour.

Elle planta son regard dans le sien, un peu méprisante.

–        Un dérivatif ?

–        Non. Plutôt un moyen de voir les choses d’un point de vue différent.

–        Et vous avez une expérience un peu folle à me proposer ?

Il la fixa suffisamment longtemps pour qu’elle comprenne. Puis prononça en souriant insolemment :

–        Couchez avec moi.

Elle avait dit oui, tout simplement. Il lui avait donné rendez-vous le lendemain après-midi, à l’heure de la sieste, dans une petite pension de famille où il se rendait autrefois et dont les propriétaires étaient devenus des amis.  Tout en se préparant à dormir, il se demanda si elle viendrait. Elle avait dans le regard une petite flamme vacillante qu’il avait reconnu. A chaque fois, elles étaient pour lui : les princesses détraquées, les fragiles, les blessées de la vie. Il possédait un radar interne infaillible pour les repérer, les atteindre, les secourir.  Le mécanisme s’était mis en marche, il la voulait.

Elle arriva presque à l’heure, vêtue d’une courte robe blanche qui dénudait ses épaules bronzées, ses longs cheveux noirs répandus dans son dos, de fines sandales plates lacées sur ses pieds de statue et un parfum d’huile solaire sur sa peau cuivrée.

C’est toujours un peu magique ce moment où la fièvre vous prend. Quand deux quasis inconnus s’approchent l’un de l’autre. Les lèvres s’effleurent, les mains se joignent, les souffles deviennent courts. Le fait que l’autre soit presque un étranger rend la chose légèrement terrifiante, donc plus excitante encore. Audrey se faisait presque violence pour affronter ce type dont encore hier elle ignorait l’existence. Elias et son irrésistible tête de gangster, Elias et son sourire « frissons garantis ». Il possédait une animalité, une sensualité brute. Son cœur battait à rompre et elle fermait les yeux en s’agrippant  à ses épaules larges et brûlantes. Leur baiser s’intensifia. C’est elle qui l’entraîna sur le lit.

Ils se retrouvèrent chaque jour dans la petite chambre fraîche aux volets clos. Sur le grand lit aux draps blancs,  il y avait toujours une nouvelle chose un peu folle à découvrir, et quelques confidences à échanger.

La veille du départ d’Elias, Isabelle Michalac organisa une journée en mer. Elle avait loué un grand bateau de pêcheur  et invité toute la compagnie. On allait pique-niquer dans une crique, se baigner dans l’eau limpide, écouter de la musique et siester dans le balancement des vagues.

Elias arriva un peu en retard, il avait dû terminer sa valise car il partait le lendemain à l’aube. Audrey était déjà à bord, impassible à côté de son mari. Pour Isabelle Michalac, organisatrice hors pair et reine incontestée du petit groupe, ce fut une journée parfaite.

Au crépuscule, les Hatchuell découvrirent que leur villa archi sécurisée avait été cambriolée. Le vol avait été commis en plein jour, pendant qu’ils se trouvaient en bateau avec tous leurs amis. Parmi les nombreux chefs-d’œuvre qui ornaient leurs murs, un seul manquait à l’appel : un Modigliani de petite  taille que Fabrice avait offert à Audrey un an plus tôt, pour ses trente ans. La jeune femme sanglotait, prostrée sur un fauteuil de métal aux formes étranges qui parut des plus inconfortables à Guigas Theodorides, le chef de la police de Paros chargé de l’enquête.

Dans l’avion qui le ramenait à Paris, Le Modigliani glissé à plat dans le double fond de sa valise, Elias Horville pensait à Audrey Hatchuell… et à sa surprenante force de caractère.  La jeune femme était pâle et crispée quand il l’avait rejointe, un peu essoufflé sur le caïque des Michalac.

–        Il n’est pas rentrée de la nuit, il croit que je ne m’en suis pas aperçue, avait-elle murmuré entre ses dents serrées. Cette fois, je me suis vraiment vengée.

Et puis sans mot dire, elle lui avait tendu une serviette de plage enroulée en lui recommandant de la glisser dans le sac où étaient rangées ses affaires de plage.  Il l’avait regardée, étonné.

–        Le Modigliani.  Il est pour toi. J’ai ôté le châssis pour qu’il soit facilement transportable et j’ai aussi volé le certificat d’authenticité. Quand tu seras à Paris, va voir Jean Dupont de ma part. Il te le rachètera un bon prix, sans poser de question.

Et comme il protestait, la traitant d’insensée, elle l’avait interrompu :

–        Un ami m’a appris que quand on n’a pas le moral, il faut faire une chose totalement nouvelle et un peu folle. Comme accepter le cadeau d’une femme reconnaissante.

–        Mais tu adores ce tableau !

–        Plus maintenant.

–        Comment tu as fait pour ne pas qu’il s’en aperçoive ?

–        Je l’ai pris alors que Fabrice m’attendait dans la voiture. Je lui ai dit que j’avais oublié mon livre. Il était tellement occupé à sextoter à sa pouffe qu’il ne  s’est même pas rendu compte que j’ai mis un peu trop de temps. J’en ai profité pour mettre le salon à sac. On dirait vraiment qu’il y a eu un cambriolage !

Il secouait la tête, en disant qu’il ne pouvait pas accepter. Face à ses refus, elle s’emporta :

–        Tu as plus besoin de cet argent que lui ! Malin comme il est, il se fera rembourser par les assurances. Toi, tu pourras garder ta maison. Et ta mère n’aura pas à déménager.

A la descente de l’avion, Elias avait ressenti un petit pincement de frayeur en passant devant la douane. Il releva la tête, traina sa valise tranquillement et passa sans encombre. De l’autre côté des parois de verre, Silvia et Cléo l’attendaient, comme toujours gaies, aimantes et merveilleusement jolies. Il serra les deux femmes de sa vie contre lui.

Cette nouvelle a été publiée le 17 août 2016 dans ELLE.fr

 

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Nouvelles d’été – Les parenthèses on en parle ? par Isabelle Alexis

Cet été, la #TeamRomCom a écrit des nouvelles sur le thème de la rencontre estivale pour Elle.fr
On les a toutes réunies sur le blog!

Isabelle Alexis : Les parenthèses on en parle ?

C’est contrariant, pensa Nathalie en enfilant ses palmes. Vraiment. Pierre, son mari, avait raté l’avion et elle avait embarqué, seule pour Bastia. Elle était arrivée, seule, dans ce magnifique hôtel de Saint-Florent et maintenant elle allait plonger, seule, dans cette mer sublime et transparente. « Pas grave, il reste des places dans l’avion de demain à la mêmLes parenthèses, on en parle ? Une nouvelle inédite d'Isabelle Alexise heure » avait rétorqué le mari si distrait ces deniers temps. Nathalie ajusta son masque et tuba et se jeta littéralement dans la Méditerranée. Une merveille. Un aquarium enchanté quand subitement… une décharge. À l’intérieur de la cuisse.  Une brulure mais d’où pouvait provenir ce feu dans l’eau ? Et Nathalie la vit passer tranquille avec ses longs filaments indemnes, eux, contrairement à sa cuisse. Une belle méduse, d’un rose qui tirait sur le violet, elle était là, au milieu de l’immensité bleue et semblait à peine bouger. Nathalie paniqua. Demi-tour vite. Elle n’entendait plus que sa respiration accélérée dans son masque. Elle regagna la plage en suffoquant, ôta le masque, et cria :

– Méduses ! Je me suis fait avoir !

Bel effet : La petite plage si tranquille de l’hôtel se transforma en celle du film « Les Dents de la mer » Les baigneurs sortirent en courant, les mères se précipitaient en paréo dans l’eau rechercher leur progéniture. Nathalie observa sa cuisse, nouvellement zébrée de rouge vif, effectivement…

– Il faut frotter doucement avec du sable…

Nathalie se retourna et tomba nez à nez avec… un torse. Ah oui, mais quel torse ! Elle leva les yeux. Il avait les cheveux clairs ramassés en un chignon bordel, des lunettes de soleil, une barbe d’un centimètre légèrement doré.

– Je… ah bon ? Vous êtes sûr ?

En guise de réponse, l’inconnu s’accroupit devant elle, empoigna du sable et frotta délicatement la blessure. Nathalie ouvrit un peu sa cuisse pour le laisser manoeuvrer. C’était légèrement incongru, elle ne donnait pas sa cuisse comme ça mais le jeune avait l’air de s’y connaitre.

– Nathalie, se présenta-t-elle. Je viens d’arriver. Premier jour, premier bain et bim…

– Math, enchanté.

– Math comme des maths, parce que je les enseigne, figurez-vous, c’est drôle… Je suis prof de math, première et terminale S, au lycée Lafontaine à…

– Matthieu, en fait…

– Ah oui… Bien sûr.

L’homme se redressa, fit glisser ses lunettes noires dans ses cheveux et planta son regard vert dans le sien :

– Il y a une infirmerie à l’hôtel si ça continue de vous lancer. Il vous donneront une crème, ils sont habitués, ils connaissent par coeur…

– D’accord. Figurez-vous que mon mari est pharmacien, ce matin on allait partir à l’aéroport et il a été rappelé en urgence à sa pharmacie, il y avait un souci avec l’alarme, un truc, enfin j’ai rien compris, il m’a dit : « Je fais au plus vite et je te rejoins ! » Bref, il a loupé l’avion et me voilà seule, le jour où j’aurais eu besoin de son savoir et ses connaissances, il n’est pas là.  Merci pour votre petit soin au sable… C’est super gentil.

Ils se serrèrent la main.

– Vous êtes à l’hôtel, aussi ? demanda Nathalie qui ne pouvait plus s’arrêter de parler.

– J’y travaille. Je suis musicien. Je fais un show ce soir, d’ailleurs. On va surement s’y recroiser. Au revoir.

– Au revoir.

Elle le regarda s’éloigner. Elle allait crier : « Il est où votre concert ? » mais se ravisa.

Le soir venu, c’est au restaurant au bord de la piscine que Nathalie découvrit le show. Elle commanda une salade grecque et écouta son jeune sauveur jouer des reprises des Beatles, des Stone avec son groupe. Détachés, ses cheveux lui arrivaient aux épaules. Pieds nus, en jean et tee-shirt, sa voix était claire, le timbre pas forcé, c’était une voix qui vous prenait au coeur. Les lumières s’éteignirent, on lui apporta une chaise et seul à la guitare, Matthieu entonna leBohemian Rhapsodyde Freddy Mercury ( Queen). « Is this the real life? Is this just fantasy? »

Le temps s’arrêta pour Nathalie. Médusée, pour la deuxième fois dans la journée. Les applaudissements la sortirent de son hypnose, trois minutes et demie plus tard. Elle voulut aller le saluer, discuter un peu, le féliciter, mais Matthieu rejoignit une tablée d’amis, des jeunes comme lui, à la trentaine nonchalante et au sourire craquant qui lui tapaient dans le dos et l’embrassaient… et Nathalie se sentit vieille subitement. Elle finit son verre d’eau pétillante et remonta dans sa chambre. Elle appela ses ados, en vacances chez ses parents dans le Lubéron, mais Tom venait de lancer la saison 6 de Game of Thrones sur son Ipad et Lilas était sous la douche. Elle parla moins d’une minute avec sa mère et son ado. Quant à Pierre, tout seul à Paris, il avait bien trouvé à s’occuper, car il ne décrocha même pas. Il y a des soirs comme ça, où l’on a l’impression que la terre entière se fout complètement de vous. En général, c’est le cas.

Le lendemain matin, Nathalie sortit en courant de sa salle de bains, brosse à dents dans la bouche, en entendant les infos et se planta devant l’écran de sa chambre. BFM annonçait une grève des pilotes d’Air France. C’était tombé dans la nuit. Trop de tout et pas assez de sous, c’est ce que comprit Nathalie tandis qu’elle cherchait son portable pour appeler Pierre. Le pauvre, comment allait-il faire maintenant ? Il décrocha et désolé, annonça qu’il fallait attendre… Nathalie évoqua le train, plus le ferry éventuellement, mais ça n’eut guère l’air de l’enchanter…Ils se séparèrent en promettant de se tenir au courant. Nathalie omit de lui demander ce qu’il avait fait hier soir…

Elle resta un peu sur la plage, à contempler l’azur, la mer lui tendait les bras mais le souvenir douloureux de la méduse l’empêcha de retourner à l’eau… Nathalie décida d’arpenter les sentiers de cette région du Cap-Corse. Les ruelles des petits villages étaient magnifiques…  Elle marcha une bonne partie de la journée et se vida la tête. Le soir, au restaurant du bord de piscine, pas de concert… Pas de Matthieu. Elle remonta dans sa chambre, et vu le succès de la veille, n’appela personne…

Le lendemain, elle fit une journée de plage, de bronzage, de lecture et de douches à répétition…

Plus tard dans la soirée, plongée dans son polar, Nathalie ne fit pas attention aux gens qui remontaient à l’hôtel, elle n’avait plus d’horaires et pas de vie de famille pour une semaine. Levant la tête de son livre, elle vit que le soleil allait se coucher. Un vrai coucher de soleil, comme on n’en voit jamais à Paris. Bizarrement, elle se sentit libre et heureuse comme rarement. Elle entoura ses genoux de ses bras en souriant. Elle allait rester là aussi longtemps qu’elle le désirerait… Juste à regarder ce merveilleux spectacle…

– C’est beau, hein ?

Nathalie se retourna. Des jambes. Ah oui, mais quelles jambes ! Dans un jean, torse nu, guitare à la main, tee-shirt sur l’épaule, Matthieu pris place à ses cotés.

– Comment ça va la piqure ?

– Mieux, merci… Je n’ose pas retourner me baigner… encore…Je…et puis ça gratte encore… et…

Pourquoi elle se sentait si gourde ? Il finissait de rouler une fine cigarette à ses côtés qu’il alluma. Il tira une bouffée, le tendit à Nathalie qui se rappela immédiatement les circulaires qu’elle avait fait passer dans son lycée sur les dangers des drogues dites douces et s’en empara pour tirer une bouffée.

– Coucher de soleil, petit pet‘ et guitare ! Le voilà le vrai bonheur, affirma Matthieu en s’emparant de sa guitare. Alors qu’est-ce qu’on va jouer ce soir, spécialement pour Nathalie ?  Hôtel California ? Des Eagles ? Allez…

Il se mit à jouer à la guitare et à chanter: « On a dark desert highway, cool wind in my hair… »

Si quelques minutes auparavant, Nathalie se sentait déjà heureuse, à présent elle était au bord de l’extase…

Quand il s’arrêta, le soleil disparaissait à moitié à l’horizon. « C’est magnifique rit Nathalie. Votre voix, la chanson, les paysages » Elle lui avoua qu’elle avait assisté à son petit show du bord de piscine. Elle se lança dans tout ce qui était beau sur cette terre et pouvait l’émerveiller, du musée Rodin jusqu’aux films de Pazolini en passant par les champs de lavande, il y en a plein dans le Lubéron près de chez ses parents, et puis l’odeur des toasts grillés le matin, et… Elle ne s’arrêtait plus quand subitement Matthieu agrippa sa jambe qu’il fit passer derrière son épaule. Nathalie bascula sur les coudes.

– Heu, qu’est-ce que vous faites ? demanda-t-elle à la tête blonde entre ses cuisses.

– Je vérifie la piqure…

– Ah oui… Elle est toujours là…

Matthieu se mit à déposer de légers baisers là où il avait frotté du sable l’avant-veille.

– Heu, jeune homme, murmura-t-elle.

C’est tout ce qu’elle avait trouvé à dire… Matthieu lâcha sa cuisse et remonta jusqu’à son visage. Il bascula sur elle et plaqua sa bouche sur ses lèvres. Nathalie entoura son cou de ses deux bras et se laissa aller à ce baiser imprévu. Qu’il était doux cet homme, comme sa voix. Nathalie passa la main dans ses longs cheveux et pensa à Pierre, son mari qui était chauve depuis deux ans maintenant…

Elle n’avait pas embrassé comme ça depuis combien de temps ? Quand on est mariés, on ne s’embrasse plus vraiment passionnément…

« Je vais venir en toi » lui annonça Matthieu.

« Ah, bon ?» C’est tout ce qu’elle avait trouvé à répondre. Il se redressa et chercha un préservatif dans la poche arrière de son jean, puis délicatement fit glisser le maillot de bain de Nathalie.

– Quoi, ici, maintenant ? Mais tout le monde peut nous voir, s’affola Nathalie.

Matthieu jeta un oeil aux alentours, tout en ôtant son jean mais l’endroit semblait lui convenir.

– C’est bon, il y a personne, dit-il en s’allongeant sur elle.

« Tu es belle ! » entendit-elle. Nathalie n’en revenait pas… Depuis quand n’avait-elle pas fait l’amour sur une plage ? Depuis… heu.. jamais. Peut-être pour ça que ce fut si intense…

Par la suite, ils restèrent sur la plage, à discuter pendant des heures, à fumer quelques pétards, ils firent une nouvelle fois l’amour vers deux ou trois heures du matin, bercés par le son très fort de la mer sous la pleine lune. Nathalie oublia tout…

La grève dura quatre jours. Le jeudi, Pierre n’allait pas prendre l’avion pour repartir le samedi. Nathalie fut bien d’accord. Tant pis, ils allaient tous se retrouver en famille dès la semaine prochaine chez ses parents dans le Lubéron. Elle annonça la nouvelle à Matthieu en lui sautant au cou. Encore deux jours, rien que pour eux. Ils ne s’étaient pas quittés depuis l’épisode de la plage et Nathalie passait sa vie avec lui et son groupe, elle l’écoutait chanter des soirées, des nuits entières… La journée, elle restait confinée dans la chambre d’hôtel avec lui… Elle en oubliait de manger et souvent les pétards et l’amour remplaçaient les repas. Ils descendaient nager vers six ou sept heures du soir quand les autres remontaient se doucher et se préparer pour le dîner. Les meilleures vacances de sa vie. Elle en savourait chaque seconde car tout était pour le présent. Le passé, ils l’évoquaient à peine et le futur, il n’y en avait pas, les deux le savaient. C’était un pur plaisir hédoniste sans objectifs mais ça ne l’inquiétait pas. Jamais, elle ne s’était sentie aussi vivante. Dans sa vie, Nathalie avait choisi les mathématiques car les maths ne mentent jamais et elle n’aimait pas ça le mensonge. Elle ne mentirait pas mais elle allait passer sous silence l’épisode Matthieu, son coup de foudre, sa beauté. Après tout, Pierre était peut-être resté à Paris avec une maitresse, qui pouvait le savoir ? Elle ne le quitterait pas mais ne raconterait rien. Elle resterait avec mari et enfants mais avec un sourire dans le coeur, un bel amour de vacances, un retour à l’adolescence, une parenthèse de bonheur pur et idiot. On a tous le droit à une parenthèse dans sa vie…

Cette nouvelle a été publiée le 26 août 2016 dans ELLE.fr

 

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Cadavre sexy – épisode 10 (Sophie Henrionnet)

Clara régulait les rendez-vous et urgences qui se pressaient aussi bien au standard que dans l’entrée de la clinique.

Le postérieur vissé à son fauteuil de bureau (désigné par un créateur qui ne devait pas s’asseoir très souvent), l’esprit papillonnant un peu partout mais absolument pas au secrétariat, elle traitait sans discontinuer les doléances diverses et variées des patients avec une seule idée en tête : relire le message de Cyrano et lui répondre.

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Cadavre sexy – épisode 9 (Adèle Bréau)

Une comédie romantique gratuite à suivre chaque mercredi

– Christian !

Clara essaya de se dégager des bras puissants de Lechevalier, alors qu’on tapait de manière de plus en plus insistante sur la porte. Habilement, pourtant, celui-ci plaqua son pied contre la chambranle, et fit tourner la clé dans la serrure, sans quitter sa proie des yeux.

– Oui ?

Tout en répondant, il plaça un doigt sur les lèvres de Clara, et se mit à les caresser doucement alors qu’elle tentait de retrouver une respiration normale.

– C’est Sylvain, je peux entrer ?

– Je suis en consultation. Je viens te voir plus tard.

– Si tôt ? Tu te fiches de moi ? Ouvre, c’est important. Faut que je te raconte un truc fou. Ça concerne Clara.

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Cadavre sexy – épisode 7 (par Isabelle Alexis)

Une comédie romantique gratuite à suivre chaque mercredi

—Ah ? s’étrangla Clara, je pense que vous devez confondre…Ce n’est pas possible.

—Je crois bien que si, répondit Christian en jetant un dernier regard dans le miroir… Mais je suis là, si vous voulez, je peux vous consoler.

Il venait de se planter devant elle et l’observait sans bouger, les yeux à nouveau rieurs.

—Non. Je ne vous crois pas. La seule chose que je crois c’est que…

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Cadavre sexy – épisode 6 (par Marie Vareille)

Une comédie romantique gratuite à suivre chaque mercredi

Clara soupira et commença à jouer avec le couteau en argent sur la nappe damassée. L’absurdité de la situation lui sautait aux yeux. Elle avait été prête à accepter un rendez-vous secret avec un parfait inconnu… Peut-être était-il temps qu’elle se pose les bonnes questions. Eric avait ses défauts, mais au moins il était fidèle. Elle, elle courait en talons et sous-vêtements en dentelle à l’appel du premier inconnu qui lui envoyait trois vers en anonyme ? Qu’est-ce qui lui passait par la tête en ce moment ?

Eric, toujours au téléphone, faisait des allers-retours devant l’accueil du RTS. Il eut un petit signe d’excuses à l’attention de Clara qui se força à sourire et détourna les yeux.

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Cadavre sexy – épisode 5 (par Marianne Levy)

Une comédie romantique gratuite à suivre chaque mercredi

Clara – 20.25
Je suis en place. Je répète, je suis en place. Je peux t’appeler ?

Delphine – 20.25
Grouille alors, c’est l’heure du bain donc de la guerre. Gustave tient ça de son père, il a un rapport compliqué avec l’eau #Grrrr

Clara soupira soulagée. Dans cinq minutes, elle avait rendez-vous avec le mystérieux inconnu au RTS. Le bouquet de lys blancs, la lingerie PLUS le Restaurant Très Secret , l’un des meilleurs de Paris, c’était, avait conclu Delphine après avoir pris connaissance des quelques mots sur la carte qui accompagnait le paquet Aubade, le « combo de l’amoureux parfait ».

Un dîner ?

RTS

Vendredi. 20h30.

Clara pouffa en se disant que la découverte de l’invitation dactylographiée lui avait fait autant d’effet que lorsqu’elle avait compris en lisant Autant en emporte le vent qu’entre Scarlett et Rhett  tout serait possible.

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